Comment accueillir les enfants à Halloween ?
La question suivante m’a été posée par une lectrice
Bonsoir Philippe,
La fête d’Halloween approche, comment avertir nos paroissiens , pour
savoir comment accueillir les enfants déguisés en monstres qui viendront
chanter la mort à nos portes et nous demander de leur donner quelque chose?Merci de nous éclairer sur le sens de cette fête, particulièrement le
jour où nous fêtons la Réformation.Avec nos meilleures amitiés en Christ.
Une lectrice
Le sens d’Halloween
Une rapide recherche sur internet nous permet de trouver divers éléments de réponse. Halloween serait donc inspirée d’une fête païenne, d’origine celte, autour de la croyance que le 31 octobre. La séparation entre le monde des vivants et le monde des morts se brouille, conduisant ses derniers à nous rendre visite. Halloween est donc une fête à dimension spirituelle païenne, qui invite à célébrer le monde des morts.
Mais la date du 31 octobre est aussi, selon les cultures et les milieux, une fête des récoltes ou la fête de la Réformation. Pour le grand public, ici en occident, cette fête revêt avant tout un aspect ludique. C’est une occasion de se déguiser, et pour les enfants de sortir en fin d’après-midi, passer chez les voisins pour recevoir des friandises. Le sens originel de la fête, avec sa dimension spirituelle et mortifère, n’effleure pas leurs esprits. Et pour les grandes surfaces, c’est l’occasion de remplir les caisses sans avoir à attendre le mois de décembre : c’est pratique, et Mammon est content.
Le problème d’Halloween pour les chrétiens
Si nous sommes chrétiens, nous croyons que la mort a été vaincue une fois pour toute à la Croix, et qu’elle n’a pas sa place dans le monde des vivants (2 Timothée 1:10). Nous croyons également que le monde spirituel est une réalité, et que dans cette réalité se trouve du bon et du mauvais, du saint et du démoniaque. Nous lisons également des mises en garde contre la nécromancie et chercher à consulter les esprits des morts (Esaïe 8:19-20 et Deutéronome 18:10-13).
Il convient donc d’approcher cette fête avec prudence et discernement.
Comment accueillir les enfants à sa porte ?
Halloween est le seul jour de l’année (ou l’un des rares) où vos voisins défilent à votre porte les uns après les autres. En tant que chrétien, nous souhaitons les aimer et, de manière générale, être de bons voisins pour eux. C’est également une opportunité de créer une relation (ou tout du moins d’en débuter une). Il peut donc devenir difficile de complètement ignorer Halloween, puisque Halloween va venir frapper à votre porte. Dans cette nuit où les ténèbres et la mort semblent vouloir prendre toute la place, n’oublions pas que nous sommes appelés à être « la lumière du monde » (Matthieu 5:14-16). Ainsi, refuser d’ouvrir, éteindre nos lumières et ne pas faire de bruit en espérant faire croire que nous sommes absents n’est peut-être pas la bonne stratégie.
Soyons accueillants
N’ayons pas peur d’ouvrir notre porte et d’accueillir les enfants et leurs parents. Engageons un peu de conversations, montrons notre intérêts pour eux. Peut-être pouvons nous les questionner sur leur déguisement, mais aussi et surtout nous intéresser à eux en tant que personnes aimées par Dieu.
Bonbons, tracts, ou rien du tout ?
Si accueillir ne nous engage que peu en tant que chrétiens, peut-être que nous hésiterons à offrir des bonbons. Si vous êtes réticents, ne vous forcez pas. Prenez le temps d’expliquer que vous n’aimez pas célébrer la mort et les ténèbres, mais que vous préférez les choses belles, lumineuses et vivantes. Pour faire le lien, peut-être pouvez-vous offrir quelque chose qui symbolise cette lumière et cette vie. Pourquoi pas une petite lampe de poche ou une jolie bougie ?
Certaines personnes en profitent pour distribuer des tracts d’évangélisation ou des versets bibliques, parfois accompagnés de bonbons. Personnellement, je ne suis pas très à l’aise avec cette méthode. Je ne crois pas non plus que cela suscite de réactions positives auprès de nos voisins.
D’autres encore offrent des bonbons sans hésiter. Si vous optez pour cette voie, j’aimerais vous encourager à offrir le meilleur. Dans ce geste du don, quelque chose de l’Evangile se donne à voir également. Et tout comme Dieu nous donne le meilleur (Jacques 1:16-17), nous aussi donnons ce que nous avons de meilleur à donner.
Et les églises dans tout ça ?
Aux Etats-Unis (où paradoxalement Halloween est fêté de manière beaucoup moins lugubre qu’en Europe), les églises n’hésitent pas à organiser des événements parallèles. Par exemple des « Trunck-or-Treat ». Les familles se retrouvent sur le parking de l’église avec des coffres de voiture décorés, et les enfants passent de l’un à l’autre. En Suisse, j’ai vu certaines paroisses organiser un événement « Hallo Vie« .
Une autre option pour les églises issues de la Réforme pourrait être d’organiser un bel événement autour de la fête de la Réformation. Un concours de déguisement de réformateurs et de réformatrices ? La projection d’un film en lien avec cette période de l’histoire ? Des histoires pour enfants autour de Calvin, Luther ou Zwingli ?
Pourquoi ne pas vous renseigner sur ce que les églises de votre région organisent ? Ou les approcher pour proposer d’y organiser un autre Halloween cette année ou la suivante ?
Halloween, une question de discernement
La manière dont chacune et chacun d’entre nous choisit d’occuper ce jour et cet espace qu’est le 31 octobre est laissé au discernement de chacun. Mais en toutes choses, efforçons nous d’être des lumières au coeur des ténèbres, d’être des témoins de Vie lorsque la mort cherche à s’imposer.
Vous souhaitez me poser également une question ? Remplissez donc le formulaire de contact !
3 Comments
Nicolas G.
Merci Philippe, j’aime bien ton approche!
De mon côté, j’aime bien rappeler aux enfants qui viennent qu’à Genève on a une bien jolie tradition qui, hélas, se perd: chanter le Cé qu’è lainô et La belle Escalade autour du 12 décembre! je les invite à revenir dans 6 semaines et qu’ils recevront plein de belle choses!
Vienne
Macchabées (12:45-46) déclare que « c’est une sainte et salutaire pensée de prier pour les morts afin qu’ils soient délivrés de leur péchés »
C’est n’est pas une salutaire pensée que de vouloir minimiser ou nous enfumer !
Halloween est une fête de la peur. Les enfants « s’amusent diaboliquement » à se faire peur (aux autres et à eux-mêmes. La Toussaint, au contraire, est une fête de la communion, communion avec les saints, le 1er novembre, et avec les morts, le 2 novembre !
Halloween aujourd’hui est une fête du négatif : la peur, la frayeur, la mort anonyme, l’angoisse.
La Toussaint, elle, est une fête du positif : les saints, la proximité avec les morts de sa famille, la mémoire des autres. Les saints ont des individus qui, soucieux de suivre l’Evangile, ont aimé les autres, se sont dévoués corps et âme pour l’humanité souffrante. Ils sont des modèles de vie.
Rappel ! Une veillée à l’église le 31 octobre au soir
Le terme « Halloween » date du XVIIIe et nous vient de l’écossais. C’est une contraction de « All Hallows-Even », qui signifie littéralement « veillée de tous les saints ». Il fait référence à la veille de la Toussaint, le 1er novembre, jour de célébration de toutes les saintes et de tous les saints.
Alors que faire ? Sans doute redonner éclat à la Toussaint, fêter avec plus de joie et de dignité ce grand jour.
Philippe Golaz
Merci de votre commentaire. Au vu de vos références, j’en déduis que vous devez être catholique. Le livre des Macchabées, bien qu’intéressant, n’est pas un livre canonique (mais deutérocanonique pour les catholiques et apocryphe pour les protestants). Ainsi, il ne fait pas autorité.
Ensuite, j’ose espérer que ce n’est pas contre moi qu’est dirigé votre remarque sur l’enfumage. Chercher à mettre de la nuance et à donner des éléments utiles au discernement individuel ne saurait être une tentative d’enfumer qui que ce soit.
Concernant la Toussaint, enfin, il me semble que vous confondez la Toussaint célébrée le 1er novembre, et la commémoration des morts célébrée le 2 novembre (les deux exclusivement dans l’Eglise Catholique). Les deux posent problème au protestant que je suis. La première car j’ai pour définition d’un « saint » celle de l’apôtre Paul, à savoir toutes celles et ceux qui sont en Jésus-Christ (et pas uniquement les plus méritants). La seconde parce qu’elle me semble contrevenir à l’interdiction de la nécromancie et revêt une dimension macabre malvenue, en particulier dans certaines cultures sud-américaines. Mais je le concède, entre Halloween et la Toussaint (si l’on est catholique), préférons la Toussaint !