Bible

5 mythes autour de Noël

Noël, avec ses décorations, ses sapins et ses crèches, est probablement l’une des histoires bibliques les plus connues. Mais cette fête est-elle bien connue pour autant ? Qu’est-ce qui relève de la vraie histoire, qu’est-ce qui relève de la tradition, ou du mythe ?

Jésus est né un 25 décembre

Il pourrait sembler logique que Jésus soit né un 25 décembre (ou du moins à cette période de l’année) si l’Eglise fête sa naissance ce jour-là. A vrai dire, personne ne sait vraiment quand il est né. Les experts s’accordent à dire qu’il est probablement né au printemps. Pourquoi alors avoir choisi la date du 25 décembre ?

Deux théories existent. La première veut que l’Eglise ait repris la date de célébration du Sol Invictus (Soleil Invaincu), une divinité païenne liée au soleil et célébrée un 25 décembre, au moment où s’allongent les jours. Mais comme Peter Gainsford le montre, cette théorie relève plus de la légende qu’autre chose. La seconde théorie prend pour base la date de conception estimée de Jésus selon la tradition, soit un 25 mars (qui est aussi la date estimée de sa crucifixion). Comptez 9 mois de plus, et vous tombez sur la date du 25 décembre.


Il y avait trois rois mages

Plusieurs erreurs se cachent derrière cette affirmation. Et nous ne sommes pas aidés par les crèches qui – souvent – placent aux côtés du petit bébé Jésus trois hommes richement vêtus et nommés Melchior, Gaspard, et Balthazard.

D’abord, la Bible mentionne bel et bien des mages venus d’Orient pour adorer le roi des Juifs qui vient de naître. Elle ne dit par contre ni qu’ils étaient rois, ni qu’ils étaient trois, et ne les nomme pas. Plus encore, il semble qu’ils n’arrivent pas à la naissance de Jésus, mais bien plus tard.

Le chiffre de trois a été déduit du nombre de cadeaux qu’ils apportent (or, myrrhe et encens). Mais peut-être qu’ils étaient deux. Peut-être qu’ils étaient 10. Et pour la date de leur venue, là aussi nous n’en savons rien. Mais nous avons un indice quand Matthieu précise que « quand Hérode se vit joué par les mages, sa fureur fut extrême, il envoya tuer tous les enfants de deux ans et au-dessous qui étaient à Bethléhem et dans son territoire, d’après l’époque qu’il s’était fait préciser par les mages. » (Matthieu 2:16) D’ailleurs, nous fêtons les Rois à la date du 6 janvier lors de l’Epiphanie.

A ce propos, les rois mages aimaient-ils la galette ?


Jésus n’existait pas avant Noël

Si Jésus est né, alors il y avait un moment où il n’existait pas, et un autre moment où il existait, n’est-ce pas ? Si cela peut sembler logique, ce n’est pas ce qu’affirme Jean. Il ne fait pas commencer son évangile avec la naissance de Jésus, mais avant même la naissance du monde. Et il dit que déjà là, Jésus existait.

Au commencement de toutes choses, la Parole existait ; la Parole était avec Dieu, elle était Dieu. Elle était donc avec Dieu au commencement. Tout est venu à l’existence par elle, et rien de ce qui est venu à l’existence n’est advenu sans elle. En elle se trouvait la vie et cette vie était la lumière pour les êtres humains. La lumière brille dans l’obscurité, et l’obscurité ne l’a pas arrêtée. (…) La Parole est devenue un homme et il a habité parmi nous. Nous avons vu sa gloire, la gloire qu’un Fils unique, plein du don de la vérité, reçoit du Père.

Jean 1:1-5.14

Noël n’est pas tant la fête de la naissance ou de la création d’un bébé appelé Jésus que celle de l’incarnation de Dieu dans l’histoire et dans l’humanité sous les traits d’un bébé appelé Jésus.


Jésus est né dans une étable

Là aussi, la faute à nos crèches qui présentent bien souvent une sorte d’étable isolée dans laquelle tout le petit monde du récit de Noël (plus les mages) se rassemblent. Cette image est certainement le fait d’une exagération du récit biblique. Il nous est dit que Jésus est déposé dans une mangeoire. Et qui dit mangeoire dit étable, non ? Eh bien non, pas tout à fait. Relisons le récit que nous fait Luc.

En ce temps-là, l’empereur Auguste donna l’ordre de recenser tous les habitants de l’empire romain. Ce recensement, le premier, eut lieu alors que Quirinius était gouverneur de la province de Syrie. Tout le monde allait se faire enregistrer, chacun dans sa ville d’origine. Joseph lui aussi partit de Nazareth, une ville de Galilée, pour se rendre en Judée, à Bethléem, là où était né le roi David ; en effet, il était lui-même un descendant de David. Il alla s’y faire enregistrer avec Marie, sa fiancée, qui était enceinte. Pendant qu’ils étaient à Bethléem, le jour de la naissance arriva. Elle mit au monde un fils, son premier-né. Elle l’enveloppa de langes et le coucha dans une mangeoire, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la salle destinée aux voyageurs.

Luc 2:1-7

Luc nous dit qu’il n’y avait pas de place dans la salle destinée aux voyageurs. Il est fort probable qu’ils se soient alors installés ailleurs, dans une autre salle de la maison. Probablement une salle dans laquelle se trouvait une mangeoire destinée aux animaux qui vivaient avec les habitants. A l’époque il n’était pas rare que certains espaces de la maison soient partagés entre humains et animaux. Si Marie et Joseph ont été accueillis dans une petit chambre de la maison de parents de Joseph, il est possible que pour la naissance, ils se soient installés dans une plus grande pièce dans laquelle se trouvait une mangeoire. Et voilà que nous avons aussi coupé la tête à un autre mythe : celui qui veut que Marie et Joseph se soient vu refuser l’entrée de toutes les auberges de Bethléem. Il n’est même pas question d’auberge dans le texte !


Ce n’est qu’une légende

Si les auteurs bibliques, ou les premiers chrétiens, cherchaient à créer un récit fondateur de toutes pièces autour de la naissance de Jésus, ils auraient pu mieux faire. A la place, ils nous donnent des références géographiques et temporelles précises, comme pour nous permettre d’aller vérifier. Ils donnent à Jésus des parents tout à fait modestes, et les placent même dans des situations plutôt gênantes pour l’époque. Pour premiers témoins de cette naissance, ils font intervenir des bergers (réputés pour ne pas être des personnes fiables en plus d’être des marginaux).

Luc, l’évangéliste qui nous donne le récit le plus complet de la naissance de Jésus, introduit son livre avec ces mots :

Plusieurs personnes ont entrepris d’écrire le récit des événements qui se sont passés parmi nous. Elles ont rapporté les faits tels que nous les ont racontés ceux qui les ont vus dès le commencement et qui ont été chargés d’annoncer la parole de Dieu. C’est pourquoi, à mon tour, je me suis renseigné exactement sur tout ce qui est arrivé depuis le début ; et il m’a semblé bon, très cher Théophile, d’en écrire pour toi le récit suivi. Je le fais pour que tu puisses reconnaître la solidité des enseignements que tu as reçus.

Luc 1:1-4

Derrière la démarche de Luc se trouve une vraie intention de démêler le vrai du faux, et d’offrir un récit authentique des événements.


Pour aller plus loin

Noël, peut-on vraiment y croire ? de Rebecca McLaughlin

Dans ce petit livre qui se lit rapidement et facilement, Rebecca McLaughlin explore « quatre questions incontournables sur l’histoire la plus connue au monde. » Ce livre s’adresse aussi bien aux sceptiques qu’aux convaincus qui auraient envie de redécouvrir Noël sous un jour nouveau.

Rebecca McLaughlin a un doctorat en littérature anglaise de l’Université de Cambridge, et une license en théologie de Oak Hill College à Londres. Elle est également l’autrice de Confronting Christianity: 12 hard questions for the world’s largest religion, et de The Secular Creed: Engaging Five Contemporary Claims.

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Pasteur dans l'EPG, je partage ici diverses réflexions, prédications et expériences, en espérant créer la discussion afin que nous puissions nous enrichir mutuellement.

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