Comprendre le culte – partie 2 : L’accueil
Le temps de l’accueil, vise à permettre à l’assemblée « d’entrer » dans la célébration, à se préparer à vivre le reste du culte dans les meilleures dispositions possibles. Habituellement, un morceau de musique (orgue ou autre) initie ce temps de l’accueil et accompagne cette entrée dans le culte. S’ensuite une succession de chants et de prières. Certaines prières peuvent être remplacées ou accompagnées par un chant qui vise le même but (invoquer, louer, se repentir, etc.).
Pour situer l’accueil dans le culte, voici une structure générale. Cliquer sur les titres pour consulter les articles dédiés (ils seront ajoutés au fut et à mesure des prochaines semaines et les liens seront ajoutés au moment opportun), ou ici pour l’article introductif à cette série.
- Accueil (vous êtes ici)
- Parole
- Réponse de la communauté
- Sainte Cène
- Envoi
Contenu
Prière d’invocation
Je dois avouer ne pas être très à l’aise avec cette notion d’invocation. Ce n’est pas comme si Dieu attendait d’être appelé pour être présent, surtout dans une église ! Plutôt, par cette première prière, nous rappelons qui est le vrai propriétaire des lieux, et nous nous mettons en Sa présence.
Exemple de prière d’invocation
Dieu très bon,
nous te devons tout,
et nous avons besoin de toi.
Nous te bénissons de nous rassembler
pour nous donner du repos,
pour nous réconforter par ta présence,
et pour nous nourrir par ta Parole.
Béni sois-tu, Père, Fils et Saint-Esprit,
Aujourd’hui et toujours.
Amen
Prière de louange
« Je vous invite à louer Dieu. » Cette phrase ne manque pas de susciter de drôles d’interrogations, notamment chez les catéchumènes. « Quoi, on peut louer Dieu ? Ça se paie à l’heure ou à la journée ? » Par louer nous entendons le fait de « décerner des éloges » comme le définit le Larousse. C’est le fait de simplement dire qui est Dieu, célébrer ses qualités, ses attributs. Cela peut aussi signifier lui dire merci pour ce qu’Il est et qui Il est. Il peut arriver de voir cette prière être accompagnée ou remplacée par la lecture d’un Psaume.
Exemple de prière de louange
Seigneur notre Dieu,
nous te louons
parce que tu nous aimes.
Merci d’avoir envoyé ton Fils,
pour nous le dire et nous le répéter.
O Christ notre Sauveur,
nous te louons
parce que tu es présent au milieu de nous.
Merci de nous avoir partagé
l’Esprit qui est en toi
pour nous rendre capables
d’être tes amis, tes témoins.
Repentance & annonce de la grâce
Les deux vont ensemble. Par la repentance, nous nous déchargeons sur Dieu de tout ce qui peut peser sur nos consciences et sur nos vies. Nous nous libérons de ce qui nous entrave dans notre relation à Dieu. Se repentir, c’est bien plus que demander pardon. C’est revenir à Dieu en toute humilité, dans la confiance que dans ce geste, nous nous approchons de Sa grâce. C’est-à-dire Sa capacité à nous relever et nous restituer dans notre qualité de fils et de filles de Dieu. Habituellement, la prière de repentance et le chant qui l’accompagne se font assis. L’assemblée est ensuite invitée à se lever pour entendre l’annonce de la grâce que le pasteur donne souvent avec les bras ouverts.
Exemple de prière de repentance
Ô Dieu notre Père,
Nous confessons devant toi et devant nos semblables, que nous avons péché contre toi par ce que nous avons fait et par ce que nous n’avons pas fait.
Nous ne t’avons pas aimé de tout notre coeur, de toute notre force et de toute notre pensée.
Nous n’avons pas pleinement aimés notre prochain comme nous-même.
Nous n’avons pas toujours eu le Christ à l’esprit.
Toi seul sait combien nous t’avons peiné en gaspillant tes dons, en nous éloignant du chemin que tu as tracé pour nous.
Pardonne-nous, nous t’en prions, Père de miséricorde, et libère-nous de notre péché.
Renouvelle-nous par la grâce et la force de ton Saint Esprit,
Au nom de Jésus-Christ, Ton Fils, notre Sauveur.
Exemple d’annonce de la grâce
L’apôtre Jean nous dit : « Si notre cœur nous accuse, Dieu est plus grand que notre cœur. »
Que Dieu renouvelle vos forces, que Dieu renouvelle votre courage.
Avec confiance, marchons à la suite du Seigneur.
Amen
Idéalement, arrivé à ce moment-là du culte, nous sommes prêts intérieurement à nous mettre à l’écoute de la Parole. Cela se passe dans la liturgie de la Parole. Et vous, quelle est votre propre expérience de cette première partie de la liturgie ?
8 Comments
Jaillet
Merci ! J’avoue que l’articulation ne m’avait jamais paru très claire (notamment le rôle de la louange). Ton article m’aide beaucoup à m’y repérer.
Je remarque que mon point de repère affectif est la séquence repentance – pardon, avec le fait de se tenir debout pour l’annonce de la grâce. Avant et autour c est en général un peu chaotique – d’une part de l’absence de ligne commune sur le plan liturgique dans les églises réformées, d’autre part parce que les ministres profitent souvent de l’accueil pour déjà amorcer leur prédication. Ce qui en y repensant mériterait d être interrogé…
J’aime beaucoup ta manière de présenter cette séquence, parce que j’y vois des parallèles avec les enjeux de la « rencontre ». Se saluer, reconnaître l’autre dans sa bonté, mettre en évidence la tension, remettre et recevoir. Ça me donne qqch à méditer tout ça en tout cas !
Ta série promettait d’être un bel outil pour ministres ET laïcs, surtout dans la perspective d’une réappropriation communautaire/collective du culte.
Philippe Golaz
Merci beaucoup Elio de ton retour, et surtout d’y amener la dimension émotionnel. Je me rend compte qu’en bon réformé, je n’ai pas du tout explicité cette dimension-là alors que je critique volontiers leur absence dans nos liturgies !
Jean-Marc Leresche
Merci, Philippe, de mettre un peu de tes lumières sur le déroulement du culte. J’aime, pour ma part diviser le culte en quatre moments :
1. Un temps pour soi (devant Dieu)
2. Un temps pour Dieu (écoute et méditation de la parole)
3. Un temps avec les autres (intercession et cène)
4. Un temps pour se quitter (envoi et bénédiction).
Je conçois l’invocation comme une convocation non pas de Dieu, mais de nous-mêmes devant Dieu, se rendre attentifs à son état d’esprit, ses propres préoccupations et faire un peu plus de place à Dieu, être disponibles ici et maintenant.
Je vois la louange comme la prise de conscience de ce qui nous sépare de Dieu et en même temps de sentir sa proximité.
En lieu et place de la prière de repentance ou confession des péchés (ou du péché), je préfère la prière d’humilité : se reconnaître humbles et faillibles devant Dieu, sans tomber dans le catalogue de tout ce que j’ai mal fait dans ma semaine (pour moi aussi d’ailleurs en tant que célébrant). Si la sono le permet, il m’arrive de rejoindre le 1er banc de l’assemblée pour faire oeuvre d’humilité et d’unité avec les paroissiens.
Et suit l’annonce de la grâce de Dieu, qui nous précède toujours et c’est à rappeler, il me semble.
Confession et grâce peuvent s’enchaîner, être séparés par un silence, un interlude musical, un chant.
Pour moi aussi, psaume ou cantique peuvent remplacer l’une ou l’autre partie ou y répondre.
Il serait aussi intéressant de s’attarder sur la place faite au silence dans nos cultes, souvent bref, il paraît long à certains qui manifestent leur impatience en toussottant (tu connais, n’est-ce pas ?)
Au plaisir de lire la suite.
Amitiés
Philippe Golaz
Merci Jean-Marc de ton commentaire. C’est beau de voir comment la liturgie peut se penser et se vivre différemment selon les lieux et les ministres qui le célèbrent. J’apprécie ta manière de comprendre les différents temps. Pour la prière d’humilité, ne risque-t-elle pas de faire doublon avec la prière d’humble accès (que je ne fais personnellement généralement pas, tel que ce sera révélé dans 6 jours avec la parution de l’article sur la liturgie de Cène) ?
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Allamdou Joseph Golbey
Bonjour je suis le frère Allamdou Joseph Golbey de l’église Assemblée Chrétienne la Charité du Tchad et je suis l’un de responsable de culte en français j’aimerais que vous m’aidiez à me donner la différente séquence moderne de célébration de culte croissant en fin que j’apporte une ambiance spirituelle dans le cœur de mes frères et sœurs l’or de célébration le dimanche merci
Philippe Golaz
Bonjour !
Un culte suit généralement la séquence suivante : Accueil – Louange – Prédication – Cène – Bénédiction/envoi
Ensuite, c’est la manière dont chacune de ces parties est habitée et vécue qui va donner au culte une dimension plutôt moderne ou plutôt classique. Par exemple, les assemblées évangéliques en Europe vivent le temps de louange en enchaînant plusieurs chants modernes. Les églises réformées historiques, pour le même moment du culte, mêlent des temps de chants et de prières, et les chants sont plus anciens.
Pour vivre un culte moderne, préférez des chants qui sont modernes (prenez le temps de bien lire les paroles des chants, tous n’ont pas la même qualité) et utilisez des instruments de musique modernes également, des prières plus spontanées (vous pouvez juste noter quelques mots-clés par exemple, mais ne pas lire de prières toutes faites), utiliser un vocabulaire accessible et compréhensible de tous, et a adopter une attitude naturelle et détendue, en cherchant le contact avec l’assemblée.
J’espère que cela vous aide.