5 mythes à propos de la Bible
La Bible, livre le plus vendu au monde et ayant profondément marqué notre civilisation, souffre de nombreux mythes. Au mieux, ils conduisent à se méfier de son contenu, au pire à s’en détourner complètement. Voici 5 mythes répandus auxquels tordre le cou.
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Mythe n°1 : La Bible a été falsifiée
C’est l’accusation classique portée par certains musulmans mais pas uniquement. Ceux qui tiennent ce mythe pour vrai affirment non seulement que l’exercice de traduction serait une trahison du texte, mais que nous n’aurions même pas accès aux textes originaux, qui auraient été profondément modifiés.
Concernant la traduction, bien qu’il soit vrai que le passage d’une langue à une autre pose parfois des défis, les traductions dont nous disposons sont le fruit d’un long travail d’experts. Et tout comme personne n’aurait l’idée d’accuser les traductions de romans à succès de trahisons, on ne peut décemment accuser les traductions de la Bible de ce défaut. Bien au contraire ! Si vous possédez une édition un tant complète, les traducteurs auront noté les difficultés éventuelles dans les notes.
Quant à la question de la falsification des manuscrits, la Bible reste (et de loin!) le texte le mieux attesté de l’Antiquité. Prenez par exemple L’Illiade d’Homère. Si vous l’avez lu, il est probable que vous n’ayez pas douté lire une traduction fidèle du texte d’origine. Pourtant, nous ne sommes en possession « que » de 643 copies, dont les plus anciennes datent de 400 ans après l’original. En comparaison, pour le Nouveau Testament, nous possédons plus de 24’000 copies, dont les plus anciennes datent d’environ 50 ans après les originaux. Pour l’Ancien Testament, nous possédons environ 17’000 manuscrits (et des centaines de milliers de fragments). Avec de telles proportions, et une telle proximité avec les originaux, il est virtuellement impossible d’avoir falsifié les textes.
Mythe n°2 : Jésus n’a jamais dit qu’il était Dieu
Il est vrai qu’on ne trouve pas la phrase « Je suis Dieu » mise dans la bouche de Jésus dans aucun des 4 évangiles. Dans la Palestine de l’époque, très sensible au blasphème, prétendre trop ouvertement être Dieu aurait sérieusement mis en danger le ministère du Christ. C’est certainement pour cela qu’Il se révèle graduellement, et en priorité aux disciples, les laissant arriver eux-mêmes à cette conclusion. Il a néanmoins affirmé être de nature divine, et c’est bien cela qui a suscité la colère de certaines élites religieuses de l’époque. Prenons par exemple son interrogatoire devant le Sanhédrin, tribunal religieux de l’époque. Nous lisons ceci dans l’évangile de Marc (le plus ancien des quatre):
Le souverain sacrificateur l’interrogea de nouveau, et lui dit: Es-tu le Christ, le Fils du Dieu béni? Jésus répondit: Je [le] suis. Et vous verrez le Fils de l’homme assis à la droite de la puissance de Dieu, et venant sur les nuées du ciel. Alors le souverain sacrificateur déchira ses vêtements, et dit: Qu’avons-nous encore besoin de témoins? Vous avez entendu le blasphème.
Marc 14:61-64
Pour le lecteur occidental moderne, la réaction du souverain sacrificateur est totalement disproportionnée. Pour un auditeur de l’époque de Jésus, elle est tout à fait compréhensible. En disant d’abord « Je [le] suis » (la traduction ajoute un « le » nécessaire en français que ni le grec ni l’araméen ne connait), Jésus s’approprie le nom de Dieu (YHWH). Puis il s’approprie le pouvoir et l’autorité divine. Si nous sommes attentifs, cette scène se joue en d’autres endroits des évangiles, où Jésus se contente de dire « Je [le] suis », suscitant l’ire de ses interlocuteurs, pour le plus grand étonnement du lecteur moderne.
Mythe n° 3 : Les évangiles ont été choisis de manière arbitraire
Le corollaire des deux précédents mythes est que l’on chercherait à nous cacher la vérité et à manipuler le récit en excluant certains écrits. Ces écrits, que l’on dit « apocryphes », sont généralement bien plus tardifs que les textes retenus (dits « canoniques »), et présentent une vision plutôt fantaisiste des faits. Par ailleurs, ce qu’ils prétendent affirmer n’est ni secondé par d’autres sources, ni cohérent avec les écrits les plus anciens (et donc les plus proches des événements).
Les textes qui ont été retenus dans le canon se démarquent par une incroyable cohérence d’ensemble, et proviennent de sources fiables, proches des apôtres (voir des apôtres eux-mêmes dans le cas des évangiles selon Matthieu et Jean). Dès le premier siècles, les communautés chrétiennes reconnaissent largement les 4 évangiles que nous avons dans nos bibles comme faisant autorité.
Mythe n° 4 : La science contredit la Bible
Affirmer que la science contredit la Bible revient à commettre deux erreurs. La première consiste à considérer la Bible comme s’il s’agissait d’un livre scientifique. La seconde consiste à attendre de la science qu’elle réponde aux questions posées par la Bible.
La science cherche à répondre à la question « comment ? » Comment est-ce que l’univers fonctionne ? Comment est-ce que la vie est apparue sur terre ? Avec ses nombreux outils d’observation, la science a la capacité de nous inviter à contempler les merveilles de la Création. D’ailleurs ceux qui sont à l’origine de la méthode scientifique (Roger Bacon d’abord et Francis Bacon un peu plus tard) étaient des chrétiens qui estimaient que si Dieu avait créé le monde, alors il était possible de l’observer, de l’étudier, et d’y trouver une logique. En étudiant le monde et l’univers, la science nous révèle comment Dieu agit.
La Bible apporte des réponses à la question « pourquoi ? » Pourquoi suis-je sur terre ? Pourquoi le mal existe-t-il ? C’est à la question du sens de la vie que la Bible apporte une réponse. Ainsi, il est faux d’attendre des sciences qu’elles répondent à la question du sens de notre existence. Il est tout aussi faux d’attendre de la Bible qu’elle donne un exposé scientifique des réalités de l’univers.
Vous me répondrez peut-être : Mais la Bible porte des affirmations sur l’univers ! Et vous auriez raison. Deux choses peuvent être dites à ce sujet. Premièrement, la Bible a été écrite il y a bien longtemps. On ne peut donc pas s’attendre à ce qu’elle apporte des réponses au niveau des connaissances scientifiques modernes. Lorsqu’un enfant demande par exemple pourquoi le ciel est bleu, on ne lui donne pas une explication scientifique. Deuxièmement, dans l’immense majorité des cas, la science a plutôt eu tendance à confirmer les affirmations bibliques qu’à les infirmer. Quelques exemples choisis.
- La théorie du Big Bang affirme que l’univers a eu un commencement et qu’il aura une fin. Une théorie qui aux débuts a suscité beaucoup de résistance dans la communauté scientifique car elle faisait un petit peu trop écho au récit biblique.
- Les scientifiques s’accordent à dire que l’ensemble de l’humanité a un ancêtre commun (appelé LUCA). Et que cet ancêtre commun est issus de la Mésopotamie, tout comme Adam et Eve.
- L’archéologie ne cesse de trouver des sites et des éléments confirmant les événements bibliques.
Mythe n° 5 : La Bible n’est qu’une oeuvre de littérature humaine
Ce mythe est bien utile lorsque l’on souhaite faire du tri sélectif avec la Bible, et ne garder que ce qui nous arrange. Certes, la Bible a été rédigée par des mains humaines. Mais il ne faut pas oublier son architecte. Si je vous disait que la Sagrada Familia est l’oeuvre d’Antonio Gaudí, vous ne me contrediriez pas. Il n’a pourtant rien construit de ses mains. A la place, des maîtres d’oeuvres s’en sont chargés (et continuent de le faire), sous les ordre de l’architecte. Quels sont les éléments de preuve que la Bible est inspirée de Dieu ?
- La Bible elle-même l’affirme, en 2 Timothée 3:16 : « Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour convaincre, pour redresser, pour éduquer dans la justice ».
- La Bible est remplie de prophéties qui se sont accomplies.
- La Bible présente une étonnante cohérence, malgré le fait qu’elle soit composée de 66 livres, rédigés par 40 personnes différentes, sur une période de 1500 ans, et dans une zone géographique étendue.
- La Bible, par sa simple lecture, a conduit de nombreuses personnes à se convertir, y ayant rencontré Dieu.
Un principe essentiel de la Réforme est le Sola Scriptura (l’Ecriture seule comme autorité théologique). Si nous affirmons (de façon erronée) qu’elle n’est pas inspirée de Dieu, nous trahissons ce principe fondamental.
La Bible au-delà des mythes
Ces 5 mythes et tant d’autres présentent un double risque. Ils sont faciles et parfois très répandus. Et ils brouillent notre compréhension de la Bible. Si vous avez un intérêt pour le texte biblique, je ne saurais trop vous conseiller de l’explorer, pourquoi pas en groupe. Et surtout, n’hésitez pas à poser vos questions à des personnes de votre entourage disposant d’une connaissance biblique affirmée. Le bénéfice que vous pourrez en tirer ne peut être qu’immense.
Et vous, y a-t-il d’autres mythes sur la Bible ou la foi chrétienne que vous souhaiteriez me soumettre pour qu’on les regarde d’un petit peu plus près ?
5 Comments
Jean-Marc Leresche
Merci, cher Philippe, de ces démystifications autour de la Bible. Je te soumets un mythe souvent entendu, je mais tu donnes déjà quelques pistes : la Bible est sacrée, car c’est LA parole de Dieu (donc infaillible et incontestable). « La Bible dit que… »
Bonne suite à toi et cordiaux messages.
golazphil
Merci Jean-Marc pour ton message. Ce qui est généralement problématique avec des phrases qui commencent par « la Bible dit que… », est que ce qui suit n’est pas le texte biblique, mais une paraphrase chargée d’interprétation, et nos interprétations sont sujettes à débats, discussions, et discernement. Cela révèle généralement surtout la théologie de la personne qui utilise cette phrase et, bien souvent, d’un refus d’entrer en discussion. La Bible cependant est infaillible et inhérente. S’il y a un mythe, c’est celui de penser que les doctrine de l’infaillibilité et de l’inhérence biblique empêchent toute approche critique et interprétative du texte biblique, ce qui est bien évidemment faux.
Yann Morvant
Sur le point 2, trois paroles de Jésus apportent beaucoup:
Or, il y a ici plus que Jonas (Mt 12,41)
Or il y a ici plus que Salomon (Mt 12,42)
Or, je vous le dis, il y a ici quelque chose de plus grand que le temple (Mt 12,6).
On parle quand même ici des 3 onctions de la Bible juive…
Ami Durussel
Bonjour, M. Golaz.
Très intéressantes réflexions. Mais pour moi, il y a 2 livres qui me mette mal à l’aise:
De Maurice Mergui: Paul à Patras. (Une approche midrashique du Paulinisme. ) Et encore plus étonnant:
Jésus Christ, sublime figure de papier. De Nanine Charbonnel. Préfacé par Thomas Romer, Chez Berg international.2017.
496p. Alors, voilà mes réflexions. Et mes remerciements pour ce blog.
Philippe Golaz
Bonjour M. Durussel,
Et merci de votre commentaire. Je ne connais aucun des deux auteurs que vous mentionnez. Une recherche sur internet ne permet pas de se faire une idée sur Maurice Mergui. En ce qui concerne Nanine Charbonnel, je vois qu’elle commet la malheureuse erreur de prendre comme présupposé à son ouvrage la non-existence de Jésus comme figure historique, le traitant comme simple figure mythique. N’importe quel historien ou penseur (qu’il soit croyant ou athée) faisant preuve d’un minimum de sérieux ne peut rejeter que Jésus de Nazareth ait existé. On ne peut donc pas accorder de crédit au reste du contenu de son ouvrage. Mais vous me donnez ici une idée pour traiter d’autres mythes autour de Jésus cette fois-ci.