Glorifier le Père dans l’unité
Cette prédication a été prononcée lors d’une messe célébrée à l’occasion de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, le 24 janvier 2021. A cause des mesures sanitaires pour lutter contre le coronavirus, il a été décidé de remplacer la célébration œcuménique par une messe et un culte avec échange de chaires.
Pourquoi est-ce que nous venons vous embêter vous avec ces histoires d’unité des chrétiens et de l’Eglise ? Après tout, pourquoi est-ce que nous ne réglons pas nos différends entre prêtres, pasteurs, théologiens, professeurs, et autres chefs d’églises ? Pourquoi est-ce si important que chaque chrétien et chrétienne porte en lui ou en elle ce souci de l’unité du corps du Christ ?
Parce que cette unité ne sera accomplie que lorsque chaque membre du corps du Christ sera réuni et rassemblé. Lorsque chaque sarment sera solidement ancré dans le cep, aussi bien intérieurement et spirituellement qu’extérieurement et concrètement dans ce monde et dans nos institutions. Cette unité doit alors se manifester au travers des vies individuelles que vous et moi menons.
Le Christ nous révèle ici le but de ces vies : glorifier le Père en portant du fruit (Jean 15:8). C’est la mission qui a été confiée aux disciples et dont nous sommes dépositaires. Et Jésus nous révèle 4 « secrets ». Et je met bien des guillemets, car ces « secrets » ont été révélés au monde dans le livre le plus vendu.
Contenu
L’émondage
Le premier, c’est l’émondage (Jean 15:2). Le fait de couper les sarments morts durant l’hiver et de tailler ceux qui peuvent porter du fruit pour qu’ils en portent un maximum. Ce n’est pas joyeux. C’est une expérience pénible pour le sarment, mais nécessaire à sa vie. Le Seigneur aussi nous émonde régulièrement, parfois plus profondément que nous l’aurions souhaité, mais ce sont des passages nécessaires à notre croissance spirituelle et pour que nous portions du fruit.
Demeurer en Jésus
Le deuxième secret est de demeurer en Jésus. Un sarment ne peut porter du fruit en lui-même. Il a besoin d’être relié au cep. Pour porter du fruit, il nous faut être reliés au Christ, ancrés solidement en Lui (Jean 15:5). Nous demeurons en Jésus lorsque nous écoutons sa Parole et observons ses commandements (Jean 15:3,15:7,15:10). Il y a ainsi à la fois une dimension intérieure et mystique, et une dimension extérieure et éthique/morale.
Demander au nom de Jésus
Le troisième secret pour porter du fruit est de demander au nom de Jésus (Jean 15:7,15:16). Prier le Père au nom du Fils. Lorsque nous sommes bien ancrés en Jésus, que nous demeurons dans son amour, notre coeur s’aligne sur celui du Christ. Notre prière est alors celle de l’Esprit Saint. On ne peut porter du fruit sans passer par la prière.
L’amour
Le quatrième secret est l’amour (Jean 15:9-10,15:12-13,15:17). Un des fruits de l’Esprit justement selon Galates 5:22. Ici, Jésus nous invite à nous aimer « les uns les autres comme [Il nous a] aimé ». On pourrait se dire qu’il place la barre très haut ici. Pas tant que ça si nous comprenons qu’il s’agit d’être nourris de l’amour du Christ afin de nous aimer les uns les autres. Comme on ne peut donner que ce que nous avons reçus, nous ne pouvons qu’aimer à la hauteur dont nous avons été aimés. Et le Christ nous a aimé jusqu’à donner sa vie sur la Croix.
Dans les récits de conversion ou de déconversion que j’ai pu entendre, cet amour ou son absence occupe régulièrement une place centrale. Les uns ont cru parce qu’ils ont été interpellés par l’intensité de l’amour qui régnait entre les enfants de Dieu. Les autres se sont éloignés de Dieu parce qu’ils n’ont pas trouvé cet amour du Christ présent dans ceux qui se réclament de Lui.
Chers amis, chers frères et soeurs en Christ, notre mission commune est de glorifier Dieu en portant du fruit. Prenons soin de notre relation au Christ, en nous laissant émonder par le Père, en demeurant dans l’amour du Fils, en priant selon l’Esprit, et en nous aimant les uns les autres.
AMEN
One Comment
Plume
J’aime bien l’alignement au cœur du Christ …
Et concrètement, sans toujours en être consciente, je pose des gestes d’unité. Celui qui répond a votre billet est un article de blog de ce jour (encore une fois) sur le Mercredi des Cendres qui relie Yom Kippour avec le Christ qui part au désert, initiateur du Carême catholique. Yom Kippour étant une fête grecque revisitée par le judaïsme. Une manière de faire mémoire en reliant divers courants religieux. Quand l’unité est un cheminement intérieur où le Christ prend sa place, les gestes concrets se posent tout naturellement: je vais vers ce qui nous relie et non ce qui nous sépare (le culte de la Vierge ou l’eucharistie, certain dogmes, par exemple) Je témoigne de ma foi sur des blogs catholiques ou juifs, ce qui engage un dialogue constructif. Quand je le fais, je suis rarement en conscience de l’unité, mais certains interlocuteurs me le soulignent. C’est chaque fois une découverte que d’autres soulignent un aspect dont j’étais ignorante au moment de l’écriture d’une réponse. Il faut croire que le St- Esprit œuvre aussi silencieusement.