Une communauté nourrie par la prière
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Ce n’est pas la première fois que j’écris sur le thème de la prière. Dans ce précédant article, j’avais relevé que la prière était ce qui permettait de rester spirituellement vivant, en étant relié au Père. Plus récemment, j’ai mis un frein à ma frénésie du faire et à la pile de projets en attentes pour prendre un temps d’écoute et de discernement. J’en suis sorti avec cette conviction que la première chose à faire, était de réinvestir le domaine de la prière. Que si la relation au Père n’était pas entretenue en amont, alors tout le reste serait vide de sens et ne porterai pas de fruit, ou alors beaucoup plus difficilement.
Nous avons donc commencé à nous réunir, tous les jeudis soirs, pour un temps de prière les uns pour les autres et les uns avec les autres. Je souhaite vous présenter ici la démarche afin de vous encourager, vous aussi, à vivre de tels moments dans vos communautés.
Contenu
3 soucis : Le soin, la croissance et l’activation
Le soin
Le soucis premier derrière cette démarche est de prendre soin de sa vie spirituelle, mais aussi d’apprendre à prendre soin spirituellement des autres. Et cela qu’ils soient membres de « notre » communauté ou non. Ainsi, ce temps de prière fait la part belle au moment de l’intercession, où il est possible de porter dans la prière des personnes qui nous sont chères, ainsi que de demander l’imposition des mains et une onction d’huile pour soi-même. Ces rencontres de prières sont ouvertes à chacune et à chacun, quelque que soit l’appartenance ou la non-appartenance confessionnelle de la personne.
La croissance
Le deuxième soucis est celui de la croissance. Comment accompagner la communauté et ses membres dans leur cheminement spirituel, afin que celui-ci ne soit pas qu’une successions de haltes, mais un véritable cheminement par lequel nous pouvons nous rapprocher du Christ ?
Ce n’est pas que j’aie déjà remporté le prix ou que j’aie déjà atteint la perfection ; mais poursuis ma course afin de le saisir, puisque moi aussi, j’ai été saisi par le Christ Jésus.
Philippiens 3:12
En proposant ces temps de prière hebdomadaire, nous ouvrons un lieu de rencontre privilégié entre chaque personne et Dieu, où ce qui fait obstacle peut être levé dans la prière, et où le témoignage peut être encouragé.
L’activation
Chaque chrétien est appelé à devenir un acteur du Royaume de Dieu, et pas simplement un consommateur de spirituel. C’est aussi ce qu’on appelle le sacerdoce universel. En priant pour d’autres, en entendant les témoignages de prières exaucées, le chrétien découvre alors qu’il est effectivement appelé à être acteur du Royaume, et qu’il en est capable. De plus, ces rencontres de prières sont pensées pour permettre à chacune et chacun de les animer. Et tout ça, sans devoir se préparer longtemps à l’avance. Ainsi, à tour de rôle, chacun est invité à découvrir qu’il peut et qu’il est capable de contribuer au bien-être spirituel du corps du Christ.
Le matériel
Le matériel est relativement simple. Il se compose comme suit :
- Des fiches avec le déroulement de la rencontre
- Un livre de prière quotidienne
- Un livre de méditations quotidiennes
- Des recueils de Taizé
- Un psautier liturgique
- Un calendrier liturgique pour l’année
Fiche du déroulement
Chaque personne reçoit un déroulement de la rencontre de prière. A l’attention de la personne animant la rencontre, il est précisé à quel livre se référer pour chaque étape. Elles sont des suggestions qui peuvent êtres remplacées par d’autres textes, prières ou chants à l’envi de l’animateur.
Le livre de prière quotidienne
J’ai choisi le livre intitulé tout simplement « Le livre de la prière quotidienne« , paru aux Editions de la Librairie de l’Ale, à Lausanne. Il offre un squelette liturgique, avec une introduction, une prière du jour, une proposition pour le Psaume, des intercessions et bénédictions pour chaque jour de l’année, y compris les fêtes. D’autres livres fonctionnent sur une semaine, qui se répète. Ils n’étaient donc pas très intéressants pour accompagner une rencontre hebdomadaire.
Un livre de méditation quotidienne
Afin d’avoir un petit apport biblique et méditatif, qui peut par la suite encourager et nourrir le temps de prière, j’ai choisi « Tout pour qu’Il règne » d’Oswald Chambers. Même plus d’un siècle après sa première édition, je trouve ces méditations toujours d’une actualité et d’une pertinence saisissantes. Bien entendu, la personne animant la rencontre de prière est toujours libre d’apporter quelque chose d’autre, de proposer quelque chose de sa propre production pour le temps de méditation. Mais ce livre permet d’avoir quelque chose de déjà prêt.
Des recueils de Taizé
J’avais tout simplement besoin de quelque chose qui se chante facilement, qui soit relativement bien connu, et pas uniquement par des réformés. Mon choix s’est donc très vite arrêté sur Taizé.
Un Psautier liturgique
Au moment de la lecture du Psaume, la personne animant la rencontre de prière en aura choisi un (soit selon la proposition du livre de prière quotidienne, soit un autre). A tour de rôle, chacun prie un paragraphe, avant de passer le psautier à son voisin.
Un calendrier liturgique pour l’année
Ce document n’est utile qu’à la personne animant la rencontre. Pour chaque jeudi de l’année, il est précisé le temps liturgique ou la fête s’y rapportant. Cela facilite ainsi la localisation du « bon » jour dans le livre de prière.
A vous de jouer !
A vous de vous inspirer de ce matériel, de le réutiliser tel quel ou en le modifiant, vous êtes libres ! Je suis aussi intéressé d’entendre comment cela se passe « chez vous ». Est-ce que vous avez de telles rencontres ? Comment cela se passe-t-il ? Sous quelle forme ?
4 Comments
Plume
J’aime bien votre démarche.
Ce qui est important au-delà de la prière liturgique ou de l’intercession, c’est l’intimité avec le Seigneur, une intimité qui est une présence du cœur à la vie quotidienne, à la vie de Dieu en nous et autour de nous. Quand je lis l’expulsion récente et sanglante ‘une famille de Leysin, mon cœur se tourne vers le Seigneur, autant pour les membres de cette famille que pour ceux qui appliquent une loi injuste que pour celui qui sera le relais au gouvernement. ( c’est toujours le Christ qu’on crucifie)
J’ai choisi de beaux galets au bord du lac. Trois pour être exacte. Je note rapidement sur un papier le sujet de mon intercession et le fixe au galet avec un élastique, ces trois galets son bien visibles dans mon salon (il suscitent aussi pas mal de questions de mes visites), et chaque fois que mes yeux se posent dessus, je fais monter une prière silencieuse. Ce dialogue intérieur face aux évènements de la vie, est une marche vers le divin. Extérieurement, il y a bien sûr les psaumes mais aussi d’autres textes religieux ou non qui viennent soutenir cette inclinaison du cœur et de mon attention.
Il est vrai que la prière est la source de l’action, en amont comme vous le soulignez. Pour ma part je ne fixe plus de cadre telle votre déroulement depuis longtemps, j’ai acquis depuis longtemps une telle liberté qu’il me serait assez pénible de me couler dans ce genre de moule, mais je conçois sans peine qu’il tutorise un réinvestissement de la prière en communauté.
Philippe Golaz
Merci Plume de vos commentaires toujours pertinents et pleins de profondeur. J’ai lu récemment, mais je ne saurais dire où, un petit texte qui parlait de cette prière intime qui se dit sans mots, qui monte du plus profond de soi pour s’adresser à Dieu et qui s’éteint aussitôt. Ce qu’il y a de magnifique dans la vie spirituelle (mais qui est aussi un sacré enjeux!), c’est la richesse des démarches. En effet, pour certains cela ne convient pas d’avoir un temps de prière trop « guidé », alors que d’autres ont besoin d’être accompagnés dans la découverte de cette dimension.
Personnellement, bien que j’apprécie particulièrement les temps d’intimité avec le Père dans la prière personnelle, je découvre une autre puissance à la prière lorsqu’elle est vécue en communauté. Et quand la prière est guidée, je me sens alors invité à explorer le coeur du Père là où je ne me suis encore que peu (ou pas) aventuré.
Plume
J’ai pratiqué et dirigé cette prière guidée, parfois un peu liturgique, en petit groupe de prière pendant près de 20 ans, un bon tiers de ma vie. J’en ai eu besoin pour mettre en place une discipline (j’ose ce mot un peu barbare, mais que je tiens en haute estime comme outil de vie servant un objectif) personnelle de prière. Au moins dans une vie de travail, puis de famille nombreuse et d’activités diverses j’avais ce point de chute. Puis après une retraite monastique, je me suis appliquée à cette prière d’intimité. Pour rien au monde je ne reviendrais en arrière, mais je reste ouverte et bienveillante pour ceux ceux qui la pratique joyeusement. Au moins en groupe de prière, il y a la fraternité de coeur et d’esprit. Et là ou deux ou trois sont assemblés en mon nom, dit le Seigneur, je suis présent au milieu d’eux.
Ce qui m’a incliné vers une autre approche de la prière c’est la tension entre l’intercession et l’engagement qu’elle demande. Dieu n’est pas une roue de secours, intercéder c’est bien, mais ce n’est pas magique si derrière il n’y a pas un engagement personnel en vue de la réalisation de cette intercession. Et il me semblait bien que j’étais seule à partager cette vision des choses. Les participant donnaient de leur temps et de leur énergie pour participer au groupe de prière, ce « sacrifice » étaient leur manière de s’engager. et peu se posaient la question d’un engagement plus actif ou profond qui vous remue le coeur et change vos priorités de vie. En fait, rien ne changeait vraiment, personne ne se remettait en question et la vie paroissiale ne bénéficiait que peu de ces groupe de prière, ou chacun amenait et reprenait son fardeau. Nous étions trois a animer ces moments, dont le pasteur de la paroisse une fois par mois. Lui y voyait une action cachée de la puissance de Dieu. Je devais donc manqué de foi.
Voilà tout.
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