L’informatique de Dieu
Alors que nous préparions ce culte avec les jeunes, nous en sommes venus à faire un parallèle avec l’informatique pour expliquer le rapport entre le baptême et la Sainte Cène. Une parabole moderne, pour expliquer cette réalité invisible avec quelque chose de connu de leur part. Pour ceux qui ne sont pas nés un ordinateur dans les mains, ne vous inquiétez pas, je vais tâcher faire simple pour que tous puissent comprendre.
Je suis donc venu ce matin avec mon ordinateur. Tous les ordinateurs se ressemblent extérieurement. Ils ont un écran, un clavier, une souris, etc. Tout comme tous les hommes se ressemblent plus ou moins avec une tête, des jambes et des bras. Ça, c’est la partie visible, solide et concrète. Mais il y a aussi une part d’invisible. Les ordinateurs ont différentes façons de fonctionner. C’est ce qu’on appelle le « système ». Il y a le système Windows, le système Mac ou le système Linux pour ne citer que les plus connus. A chaque système correspond une façon de réfléchir, de penser, de présenter les choses et d’agir. Dans le monde aussi, pour les hommes, il y a différentes façons de penser, de réfléchir et d’agir. Et il y a même dans le monde une manière principale de penser. En tant qu’humains, nous pensons selon le système du monde en général. Tout le monde fonctionne plus ou moins de la même manière, non ? A la naissance on nous installe, comme pour un ordinateur, un modèle de pensée. On nous installe, on nait avec l’esprit du monde. Qu’est-ce que cela peut être cet « esprit du monde » ? Cet esprit du monde c’est la course au profit et aux richesses par exemple. Le fait de mettre son bien-être personnel au-dessus de tout le reste.
Mais quel est le rapport avec nos textes ? Nous avons entendu le prophète Ezéchiel nous annoncer un moment où les intelligences seront renouvelées. « Je ferai sur vous l’aspersion d’une eau pure ; je vous purifierai de toutes vos souillures et de toutes vos idoles. Je vous donnerai un cœur nouveau et je mettrai en vous un esprit nouveau ; j’ôterai de votre chair le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai mon Esprit en vous et je ferai que vous suiviez mes prescriptions et pratiquiez mes ordonnances »
Enfin ! Nous parlons du baptême ! Et Ezechiel nous parle ici d’un changement de cœur dans le baptême. Dieu nous enlève notre cœur de pierre pour y mettre un cœur de chair et met en nous un esprit nouveau. Je trouve très beau cette image du cœur de pierre remplacé par un cœur de chair. Avant le baptême, on a un esprit, celui du monde, celui qui est installé à la naissance, et dans le baptême on change d’esprit. On nait avec un certain système, avec le système Windows par exemple, et dans le baptême on enlève ce vieux système, pour installer le système « Jésus ». Et une fois que l’on a changé ce système, on change aussi notre façon de penser, de réfléchir et d’agir. « Je mettrai mon esprit en vous et je ferai que vous suiviez mes prescriptions ». Dans le baptême nous changeons notre façon de fonctionner toute entière. On se débarrasse d’un vieux système plein de bugs et de dysfonctionnements. Vous savez, toutes ces choses dans nos vies qui ne marchent pas très bien. Dans nos relations avec les autres, les problèmes de transmissions entre nous et Dieu. Tous les conflits qui nous habitent, extérieurs ou intérieurs. Ou comme le dis si bien Paul : « le bien que je veux, je ne le fais pas; mais le mal que je hais, je le fais. » A la place de ce vieux système, on en installe un neuf, un qui est fait spécialement pour nous. L’esprit de Dieu, le système de Jésus. En recevant cet esprit, nous changeons notre façon de penser et de fonctionner. Et en changeant notre façon de penser, en changeant d’esprit, cela implique que tout en nous change, jusqu’à nos actes. Nos faisons l’expérience de pouvoir plus facilement pardonner à l’autre, aimer l’autre même s’il n’a pas d’égard pour nous. Et nous sommes aussi plus performants dans la vie, moins susceptibles de baisser les bras dans l’épreuve, car nous savons que nous avons installé en nous le meilleur système qui soit.
Est-ce que l’on mérite ce super système ? Est-ce que nous l’avons gagné dans un concours quelconque ? Non, nous n’avons rien fait de particulier pour recevoir ce cadeau. Car oui, c’est un cadeau ! C’est ce que l’on appel la grâce. Le cadeau d’une vie nouvelle, d’une vie meilleure, sans que l’on ait fait quoi que ce soit de particulier pour l’obtenir. C’est à la croix et dans la résurrection que l’on reçoit ce cadeau. C’est là que Jésus supporte la justice humaine, il accepte ce mode de pensée, de fonctionner et d’agir à la croix. Il laisse le système du monde faire son œuvre. Mais il pardonne aussi l’erreur commise, il en pardonne les dysfonctionnements. « Père, pardonne-leur, car il ne savent pas ce qu’ils font ». Dans la résurrection, il dépasse cela. Il gagne face aux dysfonctionnements du monde, et montre par là toute la puissance de l’action de l’Esprit de Dieu. Lui, avait reçu cet esprit lors de son baptême. Il avait en lui un autre système que celui du monde qui était installé. Il s’est laissé transformer, il a eu confiance, et il a vaincu la situation la plus extrême qui soit, la plus critique pour l’homme, celle de la mort. Il supporte les erreurs du monde, mais il n’est pas vaincu par elles, c’est lui qui prend le dessus dans la résurrection.
Par le baptême, nous recevons l’Esprit de Dieu, et nous changeons de catégorie d’homme. En changeant le système d’un ordinateur, cet ordinateur change de catégorie lui aussi. On qualifie un ordinateur en fonction du système qui est installé dessus. On parle d’un ordinateur Windows, ou d’un ordinateur Mac. Il en est de même pour les hommes. Ce qui différencie un chrétien d’un autre homme ce n’est pas son aspect physique, ce ne sont pas ses organes internes. Un chrétien et un non-chrétien sont faits de la même chair, des mêmes membres. Ce qui différencie le chrétien c’est son système de fonctionnement. C’est la manière dont il pense, sa façon de réfléchir, et d’agir. Dans l’épître aux Romains, nous avons lu « Ne vous conformez pas au monde présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, agréable et parfait ». Une fois baptisés, nous avons une intelligence nouvelle qui nous permet de fonctionner comme Dieu lui-même, de connaître sa volonté, et de ne plus fonctionner selon cette opinion générale. Les chrétiens que nous sommes, ne fonctionnent plus selon l’esprit du monde, de la chair, mais selon l’Esprit de Dieu. Dans le baptême nous participons à la mort du Christ sur la croix ET à sa résurrection.
Est-ce que ça s’arrête là ? Est-ce que c’est bon, c’est gagné ?! Plus rien à faire ?! Non, vous vous en doutez. Dans le protestantisme, nous l’avons vu en préparant ce culte avec les jeunes, nous n’avons que deux sacrements. Celui du baptême, et celui de la Sainte Cène. Et les deux sont étroitement liés. Dans le baptême – au travers du symbole de l’eau, qui purifie, nettoie, permet la vie, mais aussi qui tue, qui noie – nous tuons notre ancienne façon de fonctionner pour renaître avec une nouvelle intelligence. Comme le Christ à la croix, qui est mort et ressuscité. Qui a vaincu le système plein de bugs du monde avec le système qu’il avait reçu de Dieu sous la forme du Saint Esprit lors de son propre baptême dans le Jourdain. Et peu avant cet événement de la croix qu’a fait Jésus ? Il a rassemblé ses disciples pour partager un repas, pour partager le repas de la pâque. Et il leur a dit à ce moment « faites ceci en mémoire de moi ». Voilà une raison pour laquelle nous continuons à vivre ce moment de partage dans la Sainte Cène. Mais ce n’est pas tout, ce n’est pas seulement par ce que Jésus à dit « faites ceci », que nous célébrons la Sainte Cène. Quelque chose se passe dans la Sainte-Cène. Quoi donc ? Paul nous dit « toutes les fois que mangez ce pain et buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne ». La Cène n’est pas juste un acte symbolique pour faire mémoire. Dans la Cène nous réaffirmons ce qui s’est passé à la croix, et nous le revivons, nous y prenons part. Il s’agit d’une « mise à jour » de ce qui s’est passé au baptême. Revenons à notre image de départ de l’ordinateur. Une fois que l’on a installé un nouveau système, il faut régulièrement le mettre à jour, et faire différentes opérations de maintenances. Sinon il y a plein de virus qui viennent s’installer, il ralentit, il fonctionne de moins en moins bien, et plus on attend, plus la situation empire. Et quand on se décide enfin à faire quelque chose pour améliorer les performances de son ordinateur, il y a du boulot ! La Sainte Cène c’est une opération de maintenance pour ce que l’on a reçu dans le baptême. Une façon de réparer ce qui a été abîmé, d’assurer notre bon fonctionnement en tant que chrétien fonctionnant selon l’Esprit de Dieu. C’est s’assurer que rien ne vienne en perturber la bonne marche.
Dans le baptême nous changeons d’appartenance. Nous cessons d’appartenir au monde pour appartenir à Jésus. Mais nous continuons d’exister, de vivre, d’évoluer dans le monde. Et nous y sommes confrontés tous les jours, nous subissons des attaques dans notre foi tous les jours ! C’est pour cela qu’il est important de se faire réparer de temps en temps, de renouveler notre appartenance à Dieu, renouveler l’Alliance qui a été établie entre nous et Dieu lors du baptême, se nettoyer un peu.
Souvenons-nous donc de cela au moment du baptême de Christophe, ainsi que la prochaine fois que nous prendrons la Sainte Cène.
AMEN
Textes : Ez 36:25-28 ; Rm 12:1-2 ; 1 Co 11:23-26
Cette prédication est celle du culte des Rameaux 2013. Elle est particulièrement adressée à des jeunes, jouant sur les parallèles entre l’informatique et l’oeuvre de Salut opérée par Dieu à la croix. J’ai tout de même essayé d’adopter un langage accessible également à celles et ceux qui ne sont pas familiers de l’informatique.
Elle nécessitait un ordinateur, sur lequel des animations venaient illustrer le message. La version écrite peut donc ainsi par moment paraître étrange.