Lettre à l’aubergiste
Cher aubergiste,
En fin de compte, l’histoire ne nous dit presque rien de toi, de qui tu es. Alors je t’imagine, toi, installé dans ton auberge à t’occuper d’un quelconque client lorsque surgit cet homme, un samaritain. Tu es probablement israélite, alors voir un samaritain débarquer chez toi, cela n’a pas dû te réjouir. Quels auront été vos premiers mots échangés ? Lui as-tu annoncé avec rudesse que tout était complet ? Ou l’as-tu accueilli avec bienveillance ?
Quoi qu’il en soit, il t’aura ensuite explique que non, ce n’est pas pour lui-même qu’il vient mais pour cet homme, là, qu’il a trouvé blessé au bord de la route, laissé à demi-mort. S’il restait alors une éventuelle pointe de mépris dans ton coeur, cela aura sûrement suffit à l’effacer. Tu as donc accueilli cet homme blessé dans ton auberge, chez toi. Bien plus, tu as accepté de prendre soin de lui pendant qu’il se remettait de ses blessures. Et le samaritain alors ? Cela t’a-t-il coûté de lui faire confiance quand il t’a promis de repasser plus tard pour te payer ce que tu aurais dépensé en plus ?
J’admire la confiance, la bienveillance et l’amour dont tu as fait preuve ici, dont seuls quelques échos sont parvenus jusqu’à moi. Je ne peux qu’imaginer ce qui s’est passé, ce qui s’est dit, ce qui s’est vécu dans ton auberge. Et j’essaie d’imaginer ce que je ferai, moi, dans une situation semblable. Qui est mon samaritain ? Qui est mon homme blessé ? Et qu’est-ce que cela me coûterai en préjugé, méfiance et amour propre de les accueillir chez moi ? Alors je fais cette prière : Seigneur, donne-moi d’être chaque jour un peu plus comme cet aubergiste.
Philippe
Lettre écrite au cours d’un atelier d’écriture autour de la parabole du samaritain (Luc 10)