Les noces de Cana (ou l’abondance en Christ)
Comme j’aurais aimé être aux noces de Cana ! L’histoire ne nous dit pas qui étaient les mariés à Cana, mais quels chanceux ils étaient, d’avoir Jésus comme ça présent parmi eux ! Mais je me dis, quels inconscients aussi, de n’avoir ainsi pas prévu suffisamment de vin ! Vous êtes déjà allé à un mariage où le vin manquait ? Il n’y a pas longtemps j’étais au mariage d’un couple d’amis lors duquel il n’y avait pas une seule goute de vin à boire, et bien j’étais un peu frustré quand même. Pas que j’aie un problème avec l’alcool, non! Mais le vin, c’est la boisson de la fête, de la convivialité. C’est la joie, et la vie ! Alors à ce mariage, à Cana, heureusement que Jésus était présent. Car non seulement ce fut certainement un immense honneur pour les mariés de l’avoir avec eux, mais sans lui la fête aurait été moins belle. Bien plus encore, l’évangéliste Jean nous dit que c’est à cette occasion que Jésus a accompli son premier “signe”, c’est à Cana, lors de noces, qu’a lieu le commencement des “signes” de Jésus.
Que faut-il comprendre ? Ce ne sont donc pas de simples noces, mais c’est un récit par lequel on nous dit quelque chose de plus grand, quelque chose à propos de Jésus lui-même, quelque chose à propos de Dieu. Un mariage, c’est une alliance, entre deux personnes, et c’est bien cela que Dieu propose à son peuple, c’est de cela dont il est question dans toute la Bible, de la première à la dernière page, il est question d’une alliance, une histoire d’amour. Et comme dans toute Alliance, chacune des parties a un rôle à jouer. Malheureusement, cette Alliance a été abîmée, brisée, violée par le peuple d’Israël. Comme dans toute histoire d’amour, on expérimente des hauts et des bas, il y a des moments de manque, et des moments de plénitude et de joie. Mais là où nous abandonnons facilement, Dieu ne désespère pas, il n’abandonne pas son peuple, et annonce déjà dans l’Ancien Testament, désirer renouveler cette Alliance, la rendre parfaite. A Cana, dans la personne de Jésus, c’est cela qui est mis en marche, la promesse de Dieu de parfaire son Alliance avec son peuple, de venir combler les manques !
Un manque. C’est ce qui est vécu lors de ces noces, et dont Marie fait part à Jésus. “Il n’y a plus de vin”. Il y a un risque d’être à court de cette source de vie et de joie dans ce temps de fête. Il y a une crise, pour laquelle il faut trouver une solution. Pour combler à ce manque, Jésus se saisit, ou plutôt fait saisir par les serviteurs, un signe visible de l’ancienne Alliance, les 6 jarres de pierre destinées à la purification, pour annoncer une transformation de cette Alliance, un accomplissement parfait de celle-ci. Il transforme l’eau en vin. Ce même vin qui pour nous, aujourd’hui, est le signe de la nouvelle Alliance qui nous est offerte à la croix. “Prenez et buvez, ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la rémission des péchés.” Il y a ainsi une dimension programmatique à ces noces. Le premier des signes de Jésus, annonce déjà le dernier.
Mais le récit ne s’arrête pas là. Après avoir transformé l’eau en vin, ce vin est goûté par le responsable de la fête, une sorte de Major de Table de l’époque, par lequel nous savons non seulement que le miracle a effectivement eu lieu, mais qui atteste que ce vin est le meilleur qui soit. Non seulement Jésus est à l’écoute des besoins de la noce, non seulement il comble le manque quand il apparaît, mais il le comble en abondance. Il ne se contente pas de donner un bon vin, c’est le meilleur qui est offert. Il répond à la prière qui lui est adressée par Marie de manière exceptionnelle, dépassant les attentes, et offrant quelque chose d’infiniment meilleur que ce que n’importe quel homme aurait pu offrir. Car certainement que le marié, en commandant le vin, a dû chercher à commander le meilleur qu’il puisse trouver. Il a dû se rendre chez le meilleur vigneron de la région pour lui commander son meilleur vin. Mais même ce meilleur des vins des hommes ne fait pas le poids face à celui offert par le Christ. Jésus ne fait pas les choses à moitié, ni dans ce signe ni dans son rôle face à l’Eglise, face à son épouse. C’est ce qui est magnifiquement dit par Paul quand il s’adresse aux Ephésiens, dans un enseignement justement sur le mariage. De cet enseignement, on connaît bien la première partie, surtout nous Messieurs, n’est-ce pas ? “Femmes, soyez soumises à vos maris.” Mais on oublie bien souvent, à tort, la suite, qui concerne le mari. “Maris, aimez votre femme comme Christ a aimé l’Eglise. Il s’est donné lui-même pour elle afin de la conduire à la sainteté après l’avoir purifiée et lavée par l’eau de la parole, pour faire paraître devant lui cette Eglise glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et irréprochable. C’est ainsi que les maris doivent aimer leur femme comme leur propre corps. Celui qui aime sa femme s’aime lui-même. En effet, jamais personne n’a détesté son propre corps. Au contraire, il le nourrit et en prend soin, tout comme le Seigneur le fait pour l’Eglise”.
Ces noces de Cana sont pour nous, ce matin, le rappel que nous sommes unis à Dieu, qu’une Alliance existe entre nous et Lui. Nous sommes appelés à vivre cette relation dans la joie, tout en sachant qu’ici et là des manques peuvent se faire sentir. Ces manques, c’est à chacun de découvrir ce qu’ils sont, pour soi, afin de pouvoir aller vers le Christ les lui présenter, tout comme Marie. De cette manière il pourra nous indiquer, comme il l’a fait avec les serviteurs, comment combler ce manque, et il le comblera en abondance. C’est avec confiance que nous pouvons nous adresser à Dieu dans la prière, et avec confiance que nous pouvons nous mettre à Son service, ayant l’assurance qu’il répondra à nos prières au-delà de toutes nos espérances, et dans la perfection la plus totale.
AMEN
Prédication du dimanche 11 janvier 2015, à Crissier et Renens
Textes bibliques : Jer 31:31-33 / Eph 5:25-29 / Jn 2:1-11
Image d’en-tête: Les Noces de Cana, Schnorr von Carolsfeld, 1819
One Comment
Clifford Owusu-Gyamfi
Jésus rejoint à notre cérémonie de mariage pour célébrer avec nous l’institution d’amour donner aux êtres humains comme un cadeau depuis le début de la création. Il fête avec nous et nous bénisse avec sa miséricorde. Quel ami 🙂