Mon semestre dans la Cité Eternelle
Article écrit à l’origine pour l’AETh et publié sur leur site internet le 27.08-2015. http://wp.unil.ch/aeth/mon-semestre-dans-la-cite-eternelle/ |
Il est difficile de rédiger un article pour résumer mon expérience de 5 mois à Rome à la Facoltà Valdese di Teologia, car même si 5 mois ça peut paraître très court, il peut s’en passer des choses ! Plutôt que de vous faire un compte rendu détaillé de tout ce que j’ai pu y voir, de toutes les rencontres que j’ai pu faire, des moments de joie ou de prise de tête, de ce que j’y ai appris, etc., je préfère vous faire part de l’expérience unique de décentrement qu’est un semestre d’études à l’étranger. Le décentrement, voilà le mot-clé dans lequel tous les aspects de mon séjour en Italie trouvent un écho. Alors oui, Rome est très certainement décentrée géographiquement de l’Europe, surtout par rapport à Lausanne. Mais plus qu’un décentrement géographique, ces 5 mois ont été l’occasion de vivre également un décentrement culturel, intellectuel, spirituel et personnel.
Dans mes premières recherches, j’espérais trouver un petit appartement en ville, histoire de gagner un maximum en autonomie. Les prix étant vraiment trop élevés, même avec la généreuse bourse d’envoi financée par l’EERV (que je remercie chaleureusement) et qui m’a été attribuée par la FTSR (que je remercie tout aussi chaleureusement), c’est au Convitto (internat, en français) de la faculté que j’ai posé mes valises le 9 février 2015, où il m’a été attribué une très jolie chambre avec salle de bain privée et accès direct à une terrasse intérieure. C’est donc au centre de Rome, dans le quartier du Prati, un étage au-dessus des auditoires et de la bibliothèque de la Facoltà Valdese que j’ai passé ces 5 mois, en cohabitation avec d’autres étudiants de la faculté, mais pas seulement, les chambres ne leur étant pas exclusivement réservées. Je n’aurais donc pas eu toute l’autonomie que j’aurais espéré avoir, mais en échange j’ai pu faire de belles rencontres et lier des amitiés avec mes co-pensionnaires, et avoir plus de temps pour profiter de la ville.
Contenu
C’est une autre culture !
Au-delà de la référence à « Asterix et Obelix: Mission Cléopâtre », c’est une réflexion que je me suis faite plus d’une fois, et pas toujours avec une connotation positive. J’ai par exemple eu l’occasion de me sentir comme Asterix (encore lui) dans « la maison qui rend fou » des « 12 travaux d’Asterix » pour obtenir quelque chose d’aussi simple – d’un point de vue très suisse – qu’un compte en banque. Mais au final, une fois que je me suis mis, un peu, dans le rythme pas trop pressé des Romains et arrêté d’être trop regardant concernant l’optimisation des processus administratifs, ce sont les décalages plus positifs qui ont pris le dessus. Rome a beau être une très grande ville, avec beaucoup de touristes, les Romains sont très agréables une fois franchie la barrière qu’ils mettent entre eux et les touristes. Le simple fait que je m’adresse à eux en italien suffisait souvent à déclencher un « aaah, ma parli italiano ! » (mais tu parles italien!), ou « scusa, ti ho confuso con un turista! » (excuse-moi, je t’ai confondu avec un touriste) – parce que oui, je n’avais pas vraiment une dégaine très locale malgré tout. Et s’ensuivaient parfois de longues discussions sur une variété de sujets, comme cet artisan du Trastevere qui m’a raconté son enfance en Argentine dans les écoles catholiques et évangéliques. Je me suis rapidement habitué à ce bon accueil qui m’était réservé, en particulier dans les restaurants où j’avais mes habitudes. Là, plus besoin de préciser quelle eau je voulais avec mon repas, ou comment je voulais mon cappuccino de 9h, ou le macchiato de 11h.
Une autre manière de faire de la théologie
Forcément, étudier la théologie protestante à 5 minutes du Vatican, ça a un goût particulier, mais j’ai surtout pu expérimenter ce que cela pouvait être que d’étudier la théologie dans une faculté qui est liée à l’Eglise, et avec comme but assumé d’en former les futurs pasteurs. Si en terres romandes l’idée d’étudier la théologie dans le giron de l’Eglise peut sembler aberrant à certains, les étudiants italiens avaient de la peine à concevoir que l’on puisse faire un travail sérieux en théologie en étant dans le giron de l’Etat. A chaque modèle ses forces et ses faiblesses. Certes, le niveau académique est différent, mais cela n’empêche pas de faire un travail sérieux, même avec le peu de moyens dont ils disposent, et si la perspective et l’ancrage sont différents, les appuis théologiques restent semblables, offrant des points de repère pour un étudiant romand comme moi, avec la présence dans les bibliographies et les discussions de Thomas Römer, Daniel Marguerat ou Alexandre Vinet.
Pas très catholique tout ça…
La Facoltà Valdese di Teologia se situe dans le même bloc de maison que l’une des églises vaudoises de Rome, et si j’y suis allé quelques fois pour le culte dominical, j’ai rapidement cherché une autre communauté, celle-ci étant trop similaire à ce dont j’ai l’habitude ici en Suisse Romande. C’est à presque une heure de chez moi que j’ai trouvé une communauté suffisamment différente pour que je puisse y vivre un décentrement, et où néanmoins je me suis tout de suite bien senti. Il s’agit de la Chiesa Evangelica San Lorenzo (San Lorenzo est le nom du quartier) qui est une communauté non-dénominationnelle rattachée aux GBU de Rome. Beaucoup de jeunes donc, provenant d’un peu partout sur la planète, et la plupart juste de passage pour quelques mois, comme moi. Ce fut un véritable bol d’air frais que de pouvoir expérimenter sur la durée une autre façon d’aborder le culte, de penser l’Eglise et l’église, et de vivre en communauté. Alors non, mon semestre ne fut pas très catholique, malgré ma proximité avec le Vatican, mais j’ai un peu rattrapé ça quelques heures avant de prendre un avion pour rentrer en Suisse en me rendant à la catéchèse du Pape.
(Pas) content de rentrer
Au moment de faire mes valises et de m’envoler en direction de la Rome protestante, mes sentiments étaient mitigés. Content de retrouver mon cher lac Léman, mes montagnes, le calme et la simplicité de la Suisse ainsi que toutes les personnes qui me sont chères ici. Mais un peu triste quand même de devoir déjà laisser derrière les lieux auxquels je m’étais habitué, toutes les personnes avec qui j’ai vécu de beaux moments et qui ont contribué à embellir cette expérience. Heureusement, Rome n’est pas si loin et pour vous dire la vérité, je suis déjà en train d’organiser un petit weekend dans la Cité Eternelle pour le semestre à venir !
Encore quelques photos !
Alors, mes chères et chers camarades, je ne saurais trop vous encourager à faire une expérience similaire, et à ne pas vous limiter aux accords existants (il n’y a aucun accord Erasmus ou du genre avec la Facoltà Valdese di Teologia), car une telle aventure c’est du 100% bénéfice et une occasion unique à ne surtout pas manquer !
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